• actualité

JO 2024 : la galère des athlètes féminines sans financement

  • Vie quotidienne
JO 2024 : la galère des athlètes féminines sans financement

Pour trouver des financements, les sportives restent en galère malgré la popularité des Jeux olympiques. En cause, le manque de sensibilisation des entreprises et le peu de soutien de l’État. Ventes de biens personnels, baby-sittings, cagnottes en ligne : elles ne reculent devant rien pour accéder à la compétition de l'été 2024.

Quinze ans déjà ou presque. En 2009, le perchiste Romain Mesnil courait nu dans les rues de la capitale pour attirer l’attention. Lâché par son sponsor après un échec au JO de Pékin en 2008, il s’était vu contraint de mettre en vente, et aux enchères, des emplacements publicitaires sur son maillot dans l’espoir de trouver de généreux internautes. En 2023, ce sont des athlètes féminines qui peinent à susciter l’intérêt des sponsors et à casser les préjugés. « Pas assez esthétiques » ou « peu performantes », les sportives subissent les diktats et doivent en faire toujours plus pour trouver grâce aux yeux d’éventuels soutiens financiers.

Les aides restreintes de l’État 

À moins de 300 jours des Jeux olympiques de Paris, certaines sportives, pourtant déjà récompensées auparavant, restent sur le banc de touche. En cause, le règlement très strict de l’Agence Nationale du Sport (ANS) qui les soumet à un devoir de performance. Sur le papier, avec les 72 millions d’euros investis dans les contrats de performance, l’ANS met les moyens. Notamment avec le Cercle haute performance, une instance assurant aux sportifs un suivi socioprofessionnel et un revenu. Elle vise à verser 2 600 € net par mois à tous ceux qui ont prouvé leurs aptitudes et qui ont déjà été “capables de battre les meilleurs” explique à La Croix, Odile Pellegrino, conseillère haute performance pour l’ANS. 

Mais il y a un hic. Médaillée d’or en escrime aux championnats d’Europe de 2017, 2018 et 2022, Auriane Mallo a eu l’occasion de dénoncer les limites de ces contrats, toujours dans les colonnes de La Croix : « (...) l’ANS met des dispositifs en place, mais seulement à partir du moment où on a fait des résultats en championnat du monde.(...) Sauf qu’avec les barèmes de l’ANS et le fait que je n’ai pas eu de médaille aux championnats du monde, la part octroyée par l’agence a été diminuée et cela représentait une plus grosse somme à payer par ma fédération qui ne s’y retrouvait pas. » 

Financement des athlètes

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La débrouillardise des sportives olympiques 

Si l’État ne peut pas aider, il faut trouver de l’argent ailleurs, et ce n’est pas une mince à faire. En effet, selon le journal La Croix, les entreprises ont des attentes jugées “irréelles” ou incohérentes avec l’image militante portée par le sport féminin. Ainsi, la taille mannequin serait souvent de rigueur pour prétendre défendre l’image de certaines grandes marques, dénonce Slate. Par ailleurs, les revenus générés par les sponsors du sport féminin demeurent encore faibles et n’auraient augmenté que de 5 % selon une étude menée par Sporsora et Two circle en juin 2022. Résultat, si le sport féminin profite d’une meilleure médiatisation, ça ne traduit pas forcément en espèces sonnantes et trébuchantes pour les athlètes. 

fans de sports féminins

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

 

La championne de javelot de France en 2021 et en 2023, Jöna Aigouy a détaillé ses galères auprès de l’équipe de Marie Claire. « Pour mettre toutes les chances de mon côté, j’ai fait le choix d’employer mes économies, j’ai vendu des biens personnels, des meubles, des vêtements et j’ai travaillé à l’entretien des locaux dans une colonie de vacances durant la trêve sportive. » 

Pour être à la hauteur de ses ambitions, la jeune athlète de 24 ans a investi tout son temps pour participer aux prochains Jeux olympiques. En plus de ses études et de ses entraînements, elle a également été baby-sitter, professeure particulière et surveillante. Cet été, elle a décidé de chercher directement des soutiens sur internet en ouvrant une cagnotte en ligne intitulée « Je rêve de Jeux olympiques ». L’objectif initial fixé à 10 000€ a très largement été dépassé grâce à la générosité d’internautes bien décidés à la voir réaliser son rêve olympique. Aux sponsors de jouer le jeu maintenant. 

Alicia Trotin © CIDJ
Actu mise à jour le 10-11-2023 / créée le 10-11-2023

Crédit photo : Pexels - Mikhail Nilov