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Révisions : peut-on hacker son cerveau pour booster sa mémoire ?

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Révisions : peut-on hacker son cerveau pour booster sa mémoire ?

Pour réviser un examen, le cerveau encode, stocke et récupère des informations. Et si, à l’image d’un système informatique, la mémoire pouvait aussi être hackée pour être plus performante ? Découvrez les astuces des neurosciences pour booster nos capacités cognitives.

Le cerveau oublie vite, surtout les cours

Au moment où vous lisez cet article, vous l’ignorez peut-être, mais les mots voyagent de vos yeux à votre cerveau. Les cellules s'agitent et vos neurones se connectent entre eux. Impressionnant, non ? « Pour stocker une information, votre cerveau se met en réseau, mais ce réseau n'est pas stable » explique la neuroscientifique Mélissa Bonnet, auteure du livre Quand le cerveau apprend aux éditions ESF Sciences humaines.

Déjà, le cerveau oublie vite. Surtout les cours. Car, dans la vie, les bons comme les mauvais souvenirs restent. Interrogez vos proches : il y a de grandes chances qu'ils se souviennent précisément de ce qu'ils faisaient le 11 septembre 2001 ou le 13 novembre 2015. Par contre, tout ce qui semble plus anecdotique comme une formule de maths ou des citations en philosophie a bien plus de mal à s’ancrer dans la mémoire. « Selon la courbe d’Ebbinghaus, quand on apprend quelque chose, on a déjà oublié la moitié des informations au bout de 25 minutes », explique Auriane Gerbelot-Barillon, passionnée par le cerveau depuis l'âge de 10 ans et aujourd’hui doctorante en neurosciences à l’Institut des Neurosciences Paris-Saclay. 

Les techniques de mémorisation qui fonctionnent

« Les statistiques montrent qu'une information doit entrer environ 5 fois dans la tête pour qu'on la retienne » précise Mélissa Bonnet. Mais inutile de tout répéter cinq fois de suite : il faut laisser reposer. Pour apprendre efficacement une leçon, il est conseillé de relire son cours le soir même, de s'y remettre le lendemain, d'y revenir une semaine plus tard avant d'opérer une piqure de rappel au bout d'un mois. Il conviendra donc de ne pas s’y prendre à la dernière minute pour réviser un examen important. « Le chemin neuronal quand il est utilisé, c’est une autoroute, remarque Mélissa Bonnet. Quand il n’est pas utilisé, il se met en jachère ce qui demande plus d’effort pour récupérer l’information. » Car mémoriser, ce n’est pas seulement emmagasiner, c'est aussi être capable de restituer.

« Une étude a été conduite dans les années 90 sur deux groupes d’étudiants qui devaient apprendre une liste de mots, raconte Auriane Gerbelot-Barillon. Le premier groupe alternait des périodes d’apprentissage et des tests tandis que le second, tout en bénéficiant d'autant de séances d'apprentissage que le premier groupe, a été soumis à deux fois moins de tests. Résultat, 48 heures plus tard, les étudiants qui avaient eu 4 tests et 4 séances d’apprentissage ont obtenu de meilleurs résultats que ceux qui ont eu 2 tests et 6 séances d’apprentissage ». Morale ? « Passer du temps à réviser donne l'illusion de connaître sa leçon, résume la doctorante. Or, ces connaissances sont très peu consolidées et risquent davantage d'être perdues ». Son conseil ? Se prêter au jeu des questions-réponses, seul ou en groupe, pendant les révisions. Vous pouvez aussi, comme Izaura, étudiante en licence 3 biologie et informatique, privilégier l'usage des flashcards.

Autre astuce pour booster sa mémoire : donner du sens à ce que l’on apprend. « Les informations qui sont en lien avec des connaissances déjà acquises se consolident plus vite que les nouvelles », explique Auriane Gerbelot-Barillon. Car on a très peu de chances de se souvenir d’une information isolée, décorrélée de tout le reste.» La mémoire à court terme, appelée aussi mémoire de travail (celle qui nous permet de retenir au débotté un numéro de téléphone tout en l'oubliant après) nous garantit de stocker simultanément 9 informations maximum. « En revanche, si on relie les informations entre elles de sorte qu’elles fassent du sens, on peut en retenir beaucoup plus », explique la neuroscientifique. Avec la technique du chunck, il s'agit de compresser une grande quantité d'informations en catégorie (environ 7), de sorte à avoir moins d'éléments à retenir. Exemple : pour mémoriser 30 villes françaises, c'est plus facile en les regroupant par région. L'usage de phrases mnémotechniques facilite aussi l'apprentissage. Ainsi, il est plus facile de se souvenir de la phrase "Laissant Son Kimono Bleu A Trois Gamins, Elle Put Maintenir Poutine" retenir le nom des dirigeants d'URSS plutôt que d'essayer de mémoriser Lénine, Staline, Kroutchev, Brejnev, Andropov, etc.

Gardez aussi en tête que les nouveaux souvenirs sont plus fragiles. « Si on apprend plusieurs nouveaux thèmes en même temps, ils entrent en compétition et on risque d’en perdre une partie », remarque l'étudiante en première année de thèse. Lorsque vous élaborez votre planning de révisions, prévoyez donc des pauses entre les matières. Votre capacité attentionnelle ne pourra que vous en remercier. Car au bout d'un moment, le cerveau décroche et c'est normal.

Le stress, bon ou mauvais pour la mémoire? Devant une feuille d’examen, êtes-vous du genre à sécher complètement ou au contraire à mieux réussir qu'en cours ? À petite dose, le stress peut être stimulant. Pour autant, un stress trop important est délétère, prévient Auriane Gerbelot-Barillon : il altère les capacités cognitives et la santé. Voir aussi notre vidéo Déstresser avant le bac : les conseils d'une sophrologue.

Le sommeil consolide notre mémoire

« Être attentif ce n’est pas se forcer à être attentif plusieurs heures d'affilée, rassure la docteure en neurosciences. Au contraire, c’est accepter d’avoir des phases d’inattention, mais garder la volonté de se remobiliser ». Surtout en cours où s'opère « la moitié du travail de mémorisation ». Or, avec un cerveau fatigué, difficile de produire cet effort d'attention. La neuroscientifique insiste : « au collège, il faut dormir 10h par nuit. Au lycée, c'est 8h30 environ. Le sommeil n'est pas du temps perdu, toute la mémoire de la journée se consolide pendant la nuit » rappelle-t-elle.

Une bonne hygiène de vie, ainsi qu'une activité physique régulière, ne pourra que faire du bien pendant les révisions. Il ne faut pas non plus perdre de vue qu’à l’adolescence, le cerveau n'est pas encore mature. Il ne le sera qu'à 25 ans. D'où l'importance d’éviter alcool et drogue qui peuvent faire de sérieux dégâts dans les régions cérébrales encore en développement. Avec les progrès de la médecine, « on peut changer beaucoup d’organes dans le corps humain mais pas de cerveau ! » conclut Mélissa Bonnet. De quoi apprécier la sensibilité et la fragilité de cet organe si précieux et d'en prendre soin !

Le cerveau n’est pas un muscle, et pourtant... ils ont la même logique ! Quand on n’utilise pas un muscle, il s’atrophie. Idem pour le cerveau : il ne s’use que si on ne s’en sert pas. La neuroscientifique Mélissa Bonnet aime répéter devant les classes où elle anime des cours et des conférences : « on est ce que l’on fait ! » En clair, on n’a pas de prédispositions à être bon ou mauvais en maths. En revanche, le cerveau d'un grand mathématicien sera différent de celui de quelqu'un allergique aux maths car au quotidien il n'utilisera pas les mêmes régions cérébrales.

 

 

Laura El Feky © CIDJ
Article mis à jour le 27-10-2023 / créé le 27-10-2023