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Il faut empêcher la formation de déserts pharmaceutiques [Interview]

  • Pass/L.AS (ex PACES)
  • Médical, paramédical & enfance
Il faut empêcher la formation de déserts pharmaceutiques

1 100 places en faculté de pharmacie restent vacantes en cette rentrée 2022. La réforme des études de santé et la méconnaissance de la diversité des métiers seraient en cause selon Romain Gallerand, porte-parole de l’association nationale des étudiants en pharmacie (ANEPF).

Près du tiers des places en deuxième année d’études de pharmacie n’ont pas été pourvues cette année. Soit une augmentation de 550 % par rapport à l’année dernière où seules 163 places restaient vacantes. Pour Romain Gallerand, porte-parole de l’ANEPF, « il faut réagir dès maintenant pour empêcher la formation de déserts pharmaceutiques à l’avenir ».

Pour quelle raison le nombre d’étudiants en pharmacie chute-t-il autant ?

La réforme des études de santé a modifié les conditions de passage en deuxième année d’études de pharmacie. Avec l’ancien système, l’obtention de la moyenne ne constituait pas une condition pour passer en deuxième année. Seul le classement parmi le numerus clausus (nombre de places offertes chaque année) demeurait requis. Avec la mise en place du Parcours d'accès spécifique santé (Pass) nous sommes dans une logique de licence. Le passage à l’année suivante est soumis à l’obtention de la moyenne en plus d’une place au classement.

Cela signifie que les étudiants en pharmacie n’ont pas le niveau suffisant ?

Ne pas obtenir la moyenne en première année ne signifie pas que vous ne ferez pas un bon professionnel de santé dans le futur. Je suis actuellement en 6e année de pharmacie. À mon époque, je me souviens que les derniers classés sur 90 places disposaient d’une moyenne proche de 6. Ils ont poursuivi leur cursus avec succès et d’excellentes notes.

En Pass, après un premier semestre général, on s’oriente au 2e semestre dans deux options différentes parmi médecine, maïeutique (sage-femme), pharmacie, odontologie (dentaire) ou kiné. Les étudiants assistent à des cours qu’ils ne reverront plus par la suite. Une fois en deuxième année, les matières se spécialisent. Beaucoup d’étudiants se trouvent une passion pour ce qu’ils font et les résultats suivent. La spécialisation se poursuit lors de la 4e année. On ne devient pas obligatoirement pharmacien d’officine suite aux études de pharmacie ! Cette méconnaissance nuit à l’attractivité de cette formation.

Quels débouchés offrent les études de pharmacie ?

Les débouchés sont plus nombreux qu’il n’y paraît ! Avec la réforme des études de santé, un module de présentation des métiers devait être proposé durant la 1re année. Mais cela a été appliqué de manière inégale selon les universités. En 4e année de pharmacie, les étudiants doivent pourtant choisir entre l’officine, l’industrie ou l’hôpital (internat).

Pour travailler en officine, il faut poursuivre le cursus et obtenir un doctorat en pharmacie. En dehors de la vente de médicaments, les missions sont variées : réalisation de tests et de vaccins, entretiens pharmaceutiques pour nouer un contact avec le patient…

En fin de 5e année, les étudiants peuvent se diriger vers l’industrie en intégrant un master 2 pour exercer dans le secteur de la règlementation en lien avec les autorisations de mise sur le marché, mais aussi la recherche & développement ou le marketing.

Pour s’orienter vers le milieu hospitalier (biologie, recherche clinique, pharmacie clinique), il faut passer le concours national d’internat au premier semestre de la 5e année.

On peut aussi rejoindre le domaine de la politique de santé avec un master de santé publique... Une certitude, en vous engageant dans des études de pharmacie, vous trouverez une voie qui vous plaît parce que les débouchés sont multiples.

Odile Gnanaprégassame © CIDJ
Actu mise à jour le 29-09-2022 / créée le 29-09-2022

Crédit photo : Nasro Azaizia - Unsplash