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Formation des enseignants en 2025 : retour vers le futur

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Formation des enseignants en 2025 : retour vers le futur

Dès 2025, les concours de recrutement des enseignants du 1ᵉʳ et du 2ᵉ degré se dérouleront à la fin de la licence, et non plus à la fin du master. Une nouvelle formation post-bac est programmée pour les étudiants souhaitant devenir professeurs des écoles. Une réforme qui signe un retour en arrière.

Le retour des écoles normales ?

Comme un air de déjà-vu. Réformée plusieurs fois au cours des cinquante dernières années, la formation des enseignants connaîtra de nouvelles modifications à la rentrée 2025. À cette date, les universités ouvriront des licences spécifiques à la préparation au professorat des écoles (LPPE). Les établissements pourront également transformer certains parcours préparatoires au professorat des écoles en LPPE. Ces licences renforceront les bases dans plusieurs matières (français, maths, histoire-géographie) et initieront les étudiants aux pratiques pédagogiques. En revanche, pour le 2ᵉ degré, peu de changement. Les étudiants continueront de suivre une licence disciplinaire pour se présenter au concours du Capes. Ils pourront néanmoins bénéficier de modules préparatoires au concours, issus de la LPPE. Actuellement placés à la fin du master, les concours de recrutement des enseignants se dérouleront à bac + 3 dès la session 2025. Ils devraient comprendre deux épreuves écrites d’admissibilité et deux épreuves orales d’admission. Au cours de la LPPE, les étudiants passeront des tests nationaux qui, en cas de réussite et de validation de la licence, les dispenseront des épreuves écrites. L’ambition du chef de l’État reste claire : créer les « écoles normales du XXIe siècle ». Une fois le concours réussi, les étudiants intègreront un master professionnalisant. Les futurs enseignants bénéficieront d’une formation de 2 ans, sous statut d’élèves fonctionnaires, puis de fonctionnaires stagiaires. Ils percevront à ce titre une rémunération : 900 € net en M1 selon Matignon, 1 800 € net en M2. La formation comprendra des périodes de stage pour mettre les étudiants en situation professionnelle. En 1ʳᵉ année, ils devraient assurer 1 jour et demi d’enseignement par semaine, accompagnés d’un tuteur. Au cours de la 2ᵉ année, les futurs enseignants commenceront à enseigner seuls pendant deux jours par semaine.

Une nouvelle réforme pour un retour en arrière

Signe, s’il en est, que la formation des enseignants reste au cœur des préoccupations des gouvernements successifs, les réformes n’ont pas manqué de s’enchaîner. Ainsi, les écoles normales primaires, évoquées par Emmanuel Macron, formaient déjà les futurs professeurs des écoles de 1808 à 1989. Les étudiants se destinant au 2ᵉ degré intégraient des centres pédagogiques régionaux ou des écoles normales nationales d’apprentissage (pour la formation professionnelle). En 1989, la loi Jospin a remplacé ces trois types d’établissements par les instituts universitaires de formation des maîtres (IUFM). Les concours se retrouvent à l’occasion repoussés au bac + 3, alors qu’il suffisait jusqu’alors du bac pour entrer en école normale primaire. Une vingtaine d’années plus tard, toujours dans le but de mieux former les enseignants, la loi de 2010 sur la mastérisation oblige les candidats aux concours à posséder un master pour devenir enseignant. Avec l’apparition des écoles supérieures du professorat et de l’éducation (Espé) en 2013, les concours se déroulaient à la fin du M1. En cas de réussite au concours, les étudiants accédaient à la 2ᵉ année et suivaient une année de stage les préparant, sur le terrain, au métier d’enseignant. En cas d’échec, il entrait en 2ᵉ année sans stage ; il pouvait alors tenter une nouvelle fois le concours au terme de la 2ᵉ année de master. Enfin, Jean-Michel Blanquer remplacera les Espé par les instituts nationaux supérieurs du professorat et de l’éducation (Inspé) en 2019 et déplacera les concours en fin de 2ᵉ année de master en 2022. Et aujourd’hui de constater que la chute sévère du nombre de candidats aux métiers de professeur conduit à revenir en arrière et à réduire le niveau des admissibles au concours à bac + 3. En espérant que cela soit suffisant pour ne pas revivre une année 2023 symbolique avec plus de 3100 postes vacants.

Fiona Simoens © CIDJ
Actu mise à jour le 17-04-2024 / créée le 17-04-2024

Crédit photo : Canva - CIDJ